Cet article propose un éclairage biographique sur la relation d’Aragon au monde noir américain et une analyse du traitement romanesque de la question raciale dans Aurélien (1944). Il sera donc question des années 1920 à 1945, époque durant laquelle Louis Aragon, né en 1897, ne régnait pas encore sur le monde des lettres, n’était pas le poète de la Résistance, ni l’écrivain communiste qui imposa son magistère après la Deuxième guerre mondiale [1].
Dans les années 1920, le jeune Aragon était un noctambule, qui fréquentait les bars et dancings [2] à la mode. L’univers qu’il découvrit alors, il le recréa en 1926 dans Le Mauvais plaisant, un manuscrit destiné à Jacques Doucet et que Lionel Follet a présenté dans son édition renouvelée de La Défense de l’infini [3]. Pendant la Deuxième guerre mondiale, Aragon revint sur ces années dadaïstes et surréalistes en écrivant Aurélien : il prête au personnage éponyme des fragments de son autobiographie. Du Mauvais plaisant à Aurélien, le Paris nègre dessine la toile de fond de virées nocturnes dans les bars de Montmartre et de Montparnasse, la socialité des jeunes bourgeois qui se mêlent aux prostituées, souteneurs, chanteurs et artistes de jazz. Le Paris de l’époque, cosmopolite, autorise l’encanaillement, le « dépaysement » : « Je me suis souvent dépaysé dans ces Russies, ces Florides en miniature » s’exclame le narrateur du Mauvais plaisant [4].
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